écris par Monique Markowicz
A la suite d’un voyage dans le sud du Chili et d’un séjour dans des communutés
mapuche, j‘ai pu constater une situation dramatique.
Déjà, à l’entrée de la comunauté, un peu cachées, les forces de polices sont présentes et
observent tout ce qui entre ou sort.
Je suis arrivée quelques jours après qu’une perquisition musclée se soit produite dans la
nuit.
Celà se passe toujours ainsi :
Vers 2 ou 3h du matin, la comunauté est encerclée par environ 200 policiers en armes
qui entrent sans motif dans les maisons lançant des grenades lacrymogènes et tirant
à bout portant sur tout ce qui bouge, et cela, sans raison, plusieurs fois par semaine.
Lors de cette perquisition, ils sont entrés dans la maison du Lonko (dirigeant de la
communauté) ont attaché la machi (personne importante capable de guérir les maladies)
avec des cordes, l'ont trainée et frappée : c’est sa petite fille de 10 ans qui l’a détachée
une fois les policiers partis : elle est en ce moment à l'hôpital... Deux jours après, ils ont
recommencé.
Un bon nombre de personnes ont dans le corps des balles de plomb qu'ils ne peuvent
pas aller se faire retirer à l'hôpital sous peine d'être emprisonnés. Les enfants ne sont
pas épargnés. Ils reçoivent des balles comme tout le monde, deux d’entre eux (7 et 9
ans) ont des balles dans le dos. En plus, ils sont perquisitionnés à l'école, dans les bus
scolaires... on leur montre un révolver jouet et on leur demande s'ils en ont chez eux...
C’est l’occasion d’une nouvelle perquisition.
Ils se défendent comme ils peuvent, mais contre des tanks, des fusils... les pierres, les
pelles et les poings ne font pas le poids.
Leurs terres ancestrales leur ont été usurpées par des sociétés forestières qui ont arraché
tous les arbres natifs de la région pour planter des pins et des eucalyptus qui leur
assèchent la terre et les encerclent complètement: ils n'ont plus d'eau. Cette année, les
pins et les eucalyptus ont une maladie, que personne n’arrive encore à expliquer, qui
fait jaunir les feuilles et s’effriter le bois donc improductif pour ces entreprises. Ceux-
ci sont assurés contre les incendies, donc ils brûlent les forêts, accusent les mapuche et
touchent l'assurance (il n'y a pas de petits bénéfices...).
Les résultats, ce sont une quarantaine de mapuche en prison sous la loi anti-terroriste,
(loi qui date du temps de Pinochet et qui a été reprise par le gouvernement de
concertation) d’autres tués ou disparus et bien sûr aucun policier, ni incendiaire
patronal arrêté.
Les emprisonnés n’ont pas d’argent pour payer les avocats qui, eux, du fait de leur
engagement avec le peuple mapuche n’ont pas d’autre cas à défendre (ils subissent un
boycott et aussi des attentats) et n’ont pas non plus les moyens ni d’assurer leur défense,
ni de nourrir leurs familles.
Ce qui m’a le plus impressionnée, ce sont les enfants qui, impuissants, souffrent chaque
jour la violence contre eux et leur famille : on est en train de semer en eux la haine
qu’ils auront du mal à surmonter dans l’avenir.
Voilà la situation, telle que je l’ai vue.Ce n’est pas un cas isolé, mais celui du peuple
mapuche en général. C’est une situation désolante qui nécessite une solidarité
internationale forte :
- Intervention auprès des ambassades chiliennes
- Interventions auprès des Nations – Unies
- Mouvements populaires
M.R
Santiago 5 Mars 2012